Les qualités requises pour concevoir un jeu sont trop souvent sous-estimées.
Il ne suffit pas de jouer énormément et de savoir programmer ou dessiner pour réaliser un jeu. Outre la technique, il y a aussi de nombreux aspects organisationnels à prendre en compte.
Et sinon, j’ai une idée !
Avoir une idée est une étape fondamentale pour entreprendre la création d’un jeu. Mais avoir une idée ne suffit pas. Vous devez la mettre en pratique.
Tout le monde finit par avoir des idées, même les personnes qui ne cherchent pas forcément à percer dans l’industrie vidéoludique. Combien la réalise ?
Le but de cet article n’est absolument pas de décourager quiconque d’accomplir son rêve. Au contraire, l’objectif est d’exposer de manière réaliste l’ensemble des qualités utiles à la création de jeu afin que vous puissiez mettre toutes les chances de votre côté.
Les compétences élémentaires :
La conception de jeux vidéo nécessite la connaissance de plusieurs compétences.
La programmation, le graphisme, la musique, l’écriture et le marketing sont autant de disciplines différentes que vous pouvez étudier.
De manière générale, le niveau que vous attribuez à chacune de ces compétences est très inégale. En effet, un graphiste talentueux est généralement un mauvais développeur et réciproquement, une personne douée en programmation a le niveau artistique d’un homme de Neandertal.
De plus en plus d’entreprises de jeux vidéo recommandent aussi une bonne culture générale. Des connaissances politiques, économiques psychologiques ou religieuses sont très souvent exploitées par de grands titres. (Certes, pour vos projets personnels, vous pouvez négliger ce conseil. Comprenez seulement qu’avoir un minimum de culture ne peut pas vous faire de mal.)
Pour gérer toutes ces disciplines, deux solutions s’offrent à vous :
– Vous dégagez du temps au détriment de votre sommeil pour vous former.
– Vous vous associez avec des passionnés au profil complémentaire au vôtre.
(L’une n’exclue pas l’autre.)
Comment se former ?
Quoi de mieux que de réaliser un petit jeu sans ambition pour se former ? De cette manière, vous expérimenterez toutes les étapes de la conception. De l’idée à la distribution.

En déterminant vos points forts et vos points faibles, vous trouverez plus facilement le type de jeu que vous êtes capable de développer tout en consolidant vos points forts et en améliorant vos points faibles.
Il existe aussi une multitude de moteurs de jeu et de technologies de création de jeux qui ne requièrent pas (ou peu) de connaissances en développement informatique.
RPGMaker et GameMaker, sont de bons exemples de logiciels permettant de réaliser des jeux.
Vous avez la fibre littéraire et vous savez donner du rythme à vos histoires ? Écrivez un livre dont vous êtes le héros avec Twine.
Si vous maîtrisez en plus le crayon, partez sur un visual novel avec TyranoBuilder.
Vous êtes doué en programmation mais votre niveau artistique se limite aux bonshommes allumettes ? Orientez-vous vers la création de jeux minimalistes tel que Mini Metro.

Utilisez des moteurs de jeu tels que Unity ou Godot qui vous feront gagner un temps considérable.
Cherchez les compléments d’information. Tous les supports sont bons à prendre. Lisez des livres et des tutos. Regardez des vidéos. Prenez des cours de programmation ou de dessin si vous préférez être accompagné.
Créez un jeu autour de vos compétences de prédilection et servez-vous-en pour améliorer vos points faibles.
Les miracles de la communication :
La communication est une compétence avantageuse. Elle permet de réunir une communauté, d’intéresser votre public et d’exprimer précisément vos besoins lorsque vous travaillez en équipe.
Ne négligez pas votre visibilité sur internet. Vous devez commencer la communication à un stade précoce de développement. Les réseaux sociaux principaux (ie : Facebook, Twitter et Google+) sont vos outils de curation de contenus. Publiez-y les musiques et les images que vous réalisez, mais aussi les bugs amusants que vous rencontrez.
Votre jugement est biaisé. C’est pourquoi vous devez rapidement montrer un prototype de votre jeu. En plus de récolter des retours objectifs, vous aborderez votre jeu sous des angles différents. Toute remarque, réaction ou idée est bonne à prendre. Il serait dommage de passer à côté d’une amélioration facile à implémenter, non ?
Minecraft s’est fait connaître sur YouTube alors que le jeu n’était qu’en alpha. Son créateur, Markus « Notch » Persson, a écouté attentivement sa communauté pour développer les mécaniques principales. Le jeu est aujourd’hui deuxième du classement des meilleurs ventes de tous les temps, derrière Tetris.
Votre jeu a beau être fun, sans communication, n’espérez pas avoir beaucoup de joueur.
Bien gérer son temps et sa motivation :
Lights est le premier « vrai » jeu mobile que j’ai développé. Il est constitué de 30 niveaux de difficulté mais reste relativement court du fait de la simplicité des interactions. (Compter une à deux heures pour le terminer.)
Entre l’idée de Lights et sa distribution sur Google Play, il s’est passé exactement 1 an. Alors certes, je travaillais à temps plein pour une grande entreprise en parallèle. Quand bien même, un an de développement pour un jeu de ce gabarit : c’est long.
Vous vous en doutez, réaliser un jeu requiert du temps. Beaucoup de temps.
Parfois, (pour ne pas dire souvent), vous aurez envie de passer à autre chose ou de repartir de zéro. En apprenant tellement de choses d’un coup, vous vous rendrez compte que votre architecture logicielle et que vos assets ne sont pas parfaits.
La distraction et le perfectionnisme sont vos plus grandes menaces.

Voyez la conception de jeux comme une pratique régulière. À la manière d’un sportif s’entraînant toutes les semaines, maintenez un rythme de production soutenu. Développez votre rigueur et votre endurance.
Soyez prêt à y consacrer une bonne partie de vos soirées et de vos week-end. Vous devriez vous sentir mal lorsque vous procrastinez. (Enfin, trouvez aussi le temps de vous changer les idées hein !)
Comprenez que votre temps libre est une ressource très précieuse.
Le niveau de qualité :
Très vite vient la confrontation à la réalité. Réaliser un jeu n’est pas exactement ce que vous imaginiez au début.
Ne l’idéalisez pas. Revoyez vos ambitions à la baisse. Abandonnez les fonctionnalités superflues et concentrez-vous d’abord sur les mécaniques fondamentales.
Le but est de développer un jeu de petite envergure avec des éléments solides et de bonnes finitions.

La qualité n’est pas un aspect à négliger, surtout si vous souhaitez publier votre jeu et le monétiser. Pour autant, n’en faites pas une crise obsessionnelle. Admettez que vous devez le publier à un moment. Vous ne pouvez tout simplement pas continuer à travailler dessus indéfiniment.
Conclusion :
Concevoir un jeu requiert un panel varié de compétences. Certaines vous seront plus faciles à appréhender que d’autres mais heureusement, il n’est pas nécessaire de toutes les maîtriser à la perfection pour arriver à ses fins.
Concevoir un jeu requiert aussi du temps. Beaucoup de temps. Et même si l’on a la motivation de consacrer plus de 20h par semaine au début, on a du mal à consacrer au moins 1h par jour à la moitié du projet. La meilleure motivation que je puisse vous donner est de réaliser le jeu dont vous avez envie de jouer.
Les conseils ci-dessus peuvent sembler contradictoire. En effet, d’un côté on veut produire un jeu de bonne facture et de l’autre on cherche à économiser son temps. C’est à vous de déterminer le meilleur compromis entre le temps investi et la qualité réalisée.
Et puis, à la fin de votre projet, il y a des chances que celui-ci n’ait pas les retours que vous escomptiez. Relativisez : C’est votre premier projet. C’est normal. La prochaine fois, vous améliorerez votre marketing. Vous coderez plus efficacement et votre niveau artistique sera plus professionnel…
N’oubliez pas que le but de votre premier jeu est de vous former. Une fois terminé, il est temps d’envisager le prochain.
2 pensées sur “Alors comme ça tu veux réaliser un jeu vidéo ?”